Hypnose Ericksonienne Thérapie Brève

Quand la douleur devient l'identité. Hors-Série 19 de la Revue Hypnose & Thérapies Brèves.

Formation Hypnose Medicale - lundi 9 juin 2025 - 11:38
Se relier à sa mobilité relationnelle. « Seul au monde », isolé, hors de la relation humaine, le côté gauche du corps très douloureux. Tel est devenu l’état identitaire du patient dont le cas est exposé ici. Réunis dans la même « bulle », face à la scène imaginaire, ce patient et le thérapeute travaillent ensemble à la déconstruction de son identité de « corps douloureux » en s’appuyant sur les techniques des Thérapies narratives. Lorsque le corps est douloureux depuis des années, la douleur devient la norme pour le système nerveux autonome comme si celle-ci définissait le lien au corps. Ainsi, la construction identitaire de la personne se résume à l’étiquette de « corps douloureux ». Le « je » et le symptôme se retrouvent intriqués dans un tout, qui l’enferme dans la maladie : « je suis fibromyalgique », « je suis lombalgique »... Chez certains patients, nous pourrions même dire que ce lien à la douleur devient le seul lien vivant à leur corps. C’est leur existence. Dans ce contexte, nous comprenons bien que si nous travaillons à supprimer la douleur, nous pouvons être amenés à devoir gérer soit de la résistance, soit un effondrement de la représentation du « je » de notre patient en perte de repères, ne sachant plus qui il est si la douleur n’est plus son identité.

Dans les deux cas, la construction d’une relation thérapeutique sécure va permettre de pouvoir prendre appui sur ce lien pour amener le patient à déjà observer ce lien existentiel à la douleur et de l’amener à prendre position. Le travail thérapeutique peut consister alors à assumer ce lien unique à la douleur, ou à développer un lien différent à la douleur. L’exploration de ce nouveau monde sensoriel se fera en toute sécurité avec le thérapeute au rythme du patient. D’un point de vue thérapeutique, il s’agira d’aller prendre appui sur cet espace douloureux qui représente un espace ressource pour le patient, au sens où c’est dans cet endroit que circule le plus de vie. A contrario, le reste du corps peut être vécu comme inexistant ou figé. C’est ce que nous allons développer dans le cas clinique ci-dessous. Cas de Monsieur B. Monsieur B. a 67 ans et vit seul. Il a vécu avec une femme quelques années avec laquelle il a eu un fils de 26 ans aujourd’hui. Cette rencontre s’était faite suite à une annonce dans une revue, la rencontre spontanée étant difficile pour lui et lui demandant beaucoup d’effort. Concernant son activité professionnelle, il a exercé le métier de professeur de mathématiques. Monsieur B. m’est envoyé par un collègue psychologue qui lui conseille de faire de la TLMR, Thérapie du lien et des mondes relationnels, dans l’idée de travailler sur ses nombreuses somatisations. « Je suis hypocondriaque et je suis un grand anxio-dépressif », c’est ainsi qu’il parle de lui lors de la première séance. Il m’explique que ses crises d’angoisse ont commencé à 17 ans, lorsqu’un de ses camarades de classe est décédé subitement. Il a passé son enfance seul avec sa mère et n’a rencontré son père qu’à l’âge de 8 ans, les rencontres n’étaient qu’épisodiques sans qu’un lien structurant père-fils ne soit établi véritablement. Sa maman l’a toujours surprotégé et leur relation était suffocante tellement elle vivait dans l’angoisse de le perdre. Ses parents sont maintenant décédés. Nous nous voyons en thérapie environ une fois par mois depuis neuf mois. Les premières séances ont permis de faire émerger ce que nous pouvions faire ensemble de différent des autres thérapies qu’il avait déjà faites. Il en ressort qu’il se sent très seul et isolé, sans aucune relation affective et qu’il souhaiterait avoir plus de facilité pour faire des rencontres. En s’appuyant sur les Thérapies narratives, nous travaillons ensemble pour personnifier et nommer ce monde dans lequel il vit de façon à rendre explicites les intentions relationnelles de ce monde dans lequel il est prisonnier. Nous commençons ainsi à déconstruire l’état identitaire de ce monde de « je suis seul au monde », que le patient et le thérapeute peuvent observer grâce aux externalisations sur la scène imaginaire devant eux. Quelle forme ce monde prend-il là devant nous ? Quels effets ont-ils sur lui et quelles intentions porte-t-il ? Le patient prend petit à petit conscience que le thérapeute observe lui aussi ce monde mais qu’il n’en fait pas partie.

Car pour ce patient, la normalité étant de vivre dans un environnement de « seul au monde », il est inconsciemment convaincu que même le thérapeute en fait partie. Il va falloir que ce dernier s’en différencie pour lui montrer que d’autres relations sont possibles. C’est ainsi que lors des premières séances, je lui propose d’observer ce qu’il y a chez moi qui commence à le mettre en sécurité dans notre relation. Il peut ainsi se relier à l’affect en lien avec ce ressenti et ce partage contribue à installer la relation humaine progressivement et à la densifier.

Lorsque Monsieur B. arrive à la séance écrite ci-dessous, il me dit qu’il ressent tout son côté gauche comme très douloureux et que pour la énième fois, son médecin lui a dit que tout allait bien, que tous les examens étaient négatifs. Nous allons donc commencer la séance en se connectant à la partie la plus vivante, la plus présente chez lui, c’est-à-dire la partie douloureuse.

Le thérapeute est assis dans un angle de 60 degrés avec son patient, de façon à permettre aux deux regards de se projeter vers l’avant dans cet espace de co-création, ce qui facilite l’accordage relationnel (1). Les mouvements alternatifs (MA) sont utilisés dans cette séance avec une vitesse différente selon l’intention thérapeutique. Lorsqu’ils sont faits lentement, ils vont permettre de focaliser l’attention à l’intérieur et d’ancrer corporellement la ressource en la densifiant. Et lorsqu’ils sont faits rapidement, ils vont permettre de dépotentialiser le mental ou un trop-plein d’émotion. Lors de la séance, nous utilisons souvent le « nous » incluant ainsi le thérapeute et le patient dans la même bulle. Ce dernier peut ainsi faire l’apprentissage d’une relation thérapeutique soutenante lui permettant d’être accompagné lors du travail.


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- Thérapeute : « Quand vous dites que tout votre côté gauche est douloureux, et que nous sommes ensemble, là maintenant dans cette séance, est-ce acceptable pour vous de bien vous connecter à cette partie gauche ? (De façon à bien le focaliser et pour dépotentialiser son mental, je place mes doigts devant lui et je propose à ses yeux de suivre mes doigts, nous faisons quelques mouvements alternatifs-MA.)
- Th. : Qu’est-ce qui est présent là maintenant ?
- Monsieur B. : Ça serre...
- Th. : OK, observons ensemble ce “ça” qui serre. (Nous repartons en MA. Ma posture est pleinement présente et bienveillante avec l’intention d’aller ensemble explorer cette sensation.)
- Th. : Qu’est-ce qui est présent là maintenant ?
- Monsieur B. : Ça serre...
- Th. : Et quand ça serre et que nous sommes là ensemble dans cette séance, avez-vous besoin de mon aide ou préférez-vous gérer seul ? (Cette proposition d’aide permet au thérapeute de voir si progressivement le thérapeute devient une personne sur laquelle le patient peut prendre appui dans un moment de détresse. Métaphoriquement, on pourrait dire qu’alors il n’appartient plus au monde dans lequel il vit où les relations ne permettent pas de prendre appui.) (2)
- Monsieur B. : Oui, je veux bien votre aide.
- Th. : Alors je vais me rapprocher de vous et proposer au dos de votre main droite de venir prendre appui dans la paume de ma main gauche. (Il pose sa main dans la mienne.)
- Th. : Très bien, et nous allons observer ensemble tout ce qu’il se passe entre nos deux mains. (MA)...
- Th. : Qu’est-ce qui est présent là maintenant ?
- Monsieur B. : C’est mieux...
- Th. : Ah... Et c’est comment ce mieux ?
- Monsieur B. : Il n’y a plus rien à gauche.
- Th. : Et quand il n’y a plus rien à gauche, à la place, il y a quoi ? (MA)...
- Monsieur B. : Quand il y a rien, il y a une libération d’énergie. Car tant que je sens un malaise quelque part, ça crée comme une paralysie physique, je ne peux pas agir.
- Th. : Là, quand vous êtes en train de me dire “ça crée comme une libération d’énergie”, est-ce que je peux vous demander d’observer, là maintenant, où est-ce qu’il y a le plus de libération d’énergie ? (Nous arrivons dans la partie ressource.) (MA)...
- Monsieur B. : Au niveau du haut du corps, comme si je pouvais prendre les choses à bras-le-corps.
- Th. : Ah... Donc c’est au niveau du haut du corps qu’il se passe quelque chose ?
- Monsieur B. : Oui, c’est ça.
- Th. : Et c’est confortable ?
- Monsieur B. : Oui.
- Th. : Je peux vous demander de bien vous connecter à cette sensation confortable au niveau du haut du corps ? (Nous repartons en MA, plus lents cette fois-ci, pour commencer à ancrer cette sensation dans son corps.)
- Monsieur B. : C’est comme si, au niveau des épaules, j’avais la capacité de prendre davantage de choses sur les épaules... -Th. : OK, et quand vous dites “c’est comme si, au niveau des épaules, j’avais la capacité de prendre davantage de choses sur les épaules”, c’est quelque chose que vous connaissez ou que vous êtes en train de découvrir ? (Le fait de répéter mot à mot ce qu’il vient de dire lui permet de rester focalisé sur le processus thérapeutique et de maintenir la transe. Je questionne l’existence d’un souvenir qui peut être ressource pour lui en lien avec cette expérience corporelle ou s’il s’agit d’une voie nouvelle à explorer ensemble.) (Nous repartons en MA...)
- Monsieur B. : Oui, je connais, mais c’est autant dans le sens physique que figuré. C’est-à-dire que j’ai une liste de choses à faire, et quand je suis suffisamment détendu, je prends cette liste et je peux agir. Ce qui n’est pas le cas quand je sens qu’un poumon respire mal, ou que j’ai mal au dos, ou quelque chose qui ne va pas, je m’interdis en quelque sorte d’agir.
- Th. : Quand vous dites “c’est quelque chose que je connais car en effet quand j’ai une liste de choses à faire et que j’ai cette sensation que les épaules et le haut du corps peuvent agir”, si je mets ma main là, devant nous, c’est quoi le premier souvenir qui vient se mettre en lien avec ? (Je place ma main gauche comme un écran devant nous dans l’intention de voir quel souvenir vient se mettre en lien avec cette expérience corporelle. Est-ce que cette sensation qu’il décrit est une représentation psychique qu’il se fait ou est-elle une expérience déjà vécue ?) (MA)...
- Monsieur B. : Il y a deux choses qui me viennent. D’une part d’être capable de travailler au jardin, et d’autre part, lorsque je vous ai vu à la dernière séance et où j’étais assez bien, dans la liste des choses à faire j’avais “m’inscrire à des voyages”, alors je me suis inscrit car j’allais bien. Et aujourd’hui où je me sens dans le creux de la vague, je me demande si j’ai bien fait de m’inscrire, est-ce que je vais réellement y aller, est-ce que j’en suis capable ? C’est l’action tant sur le plan physique que sur un plan de prise de décision.
- Th. : Donc si je comprends bien, quand je me mets en lien avec cette …

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MARIE-ANNE JOLLY
Masseur-kinésithérapeute en libéral à Lannion (22).Elle a tout d’abord associé le massage chinois à sa pratique avant d’en faire autant pour l’hypnose. Toujours en quête d’apprendre et d’élargir ses connaissances, elle se forme aussi en sexocorporel, en thérapies narratives et en Thérapie du lien et des mondes relationnels (TLMR). Elle partage régulièrement son expérience sur l’apport de l’hypnose dans sa pratique professionnelle en congrès, par des articles, des publications et comme formatrice.


Commandez ce Hors-série de la Revue Hypnose & Thérapies Brèves n°19 SOMMAIRE


06 / Éditorial Troubles Psychosomatiques S’engager dans une médecine plus holistique bio-psycho-sociale J. Betbèze 

10 / Avant-propos Une exploration de territoires où corps et esprit se rejoignent E. Bardot et S. Roy 

12 / En couverture Anne Donzé et Vincent Chagnon S. Cohen 

14 / Le pouvoir de l’eczéma Décontaminer le parent des effets du symptôme V. Bardot 

28 / Psoriasis géant De la pensée opératoire à la pensée symbolique par la Thérapie du lien et des mondes relationnels (TLMR) S. Roy 

40 / Psychosomatique et dermatologie : La peau, métaphore de la relation V. Bonnet

52 / Maux de tête et désir de perfection Sensations, externalisation et TLMR É. Bardot 

71 / La controverse de médecine psychosomatique Entre corps et esprit, une fracture médicale et philosophique G. Ostermann 

78 / Grand Entretien Jean Benjamin Stora et la psychosomatique intégrative G. Ostermann 

94 / La psychosomatique, un phénomène hypnotique protecteur Sensations, émotions et PTR G. Brassine 

106 / Honte et brûlures du cou Le symptôme somatique persistant M. Faucoup 

120 / Ostéopathie et psychosomatique Enjeux et apports de la « double casquette ». Algoneurodystrophie et de douleurs abdominales P. Pétillot


134 / Quand la douleur devient l’identité Se relier à sa mobilité relationnelle M.-A. Jolly 

146 / Trouble fonctionnel intestinal et syndrome anxiodépressif Signaux idéomoteurs et psychosomatiques S. Radoykov 

152 / Asthme et créativité Les suggestions posthypnotiques de Proust P. Kivits 

164 / L’hypnose thérapeutique, de quoi parle-t-on ? Un échange croisé, autour de l’hypnose thérapeutique É. Bardot, J. Betbèze et S. Roy
172 / Poême Ce corps K. Ficini

Ostéopathie et psychosomatique. Hors-Série 19 de la Revue Hypnose & Thérapies Brèves.

Formation Hypnose Medicale - dimanche 8 juin 2025 - 22:18
A propos d'algodystrophie et de douleurs abdominales. Enjeux et apports de la double casquette. D’un côté l’ostéopathe, de l’autre l’hypnothérapeute. Dans sa pratique à « double casquette », l’auteur traite aussi bien les maux que les mots, à la croisée du corporel, de l’émotionnel et de la psychosomatique, en veillant à respecter la temporalité des patients. Un problème physique est dit « psychosomatique » lorsqu’il est « caractérisé par la transformation d’un trouble psychologique en un trouble somatique (organique) » (Larousse). Mais Jean Benjamin Stora, psychosomaticien et créateur de l’Ecole de psychosomatique de la Pitié-Salpêtrière, nous dit : « Il n’y a pas de maladie psychosomatique, mais toutes les maladies sont psychosomatiques. » Il propose un nouveau paradigme : « L’homme est une unité psychosomatique. » Cette vision holistique est en parfaite adéquation avec la philosophie de l’ostéopathie et sous-tend ma pratique quotidienne. Toutefois, afin de clarifier mon propos dans cet article, je précise que j’y entendrai par « trouble à composante psychosomatique » toute plainte pouvant prendre, au moins en partie, sa source dans le vécu émotionnel/ affectif de la personne, que ce vécu soit présent ou passé. La plupart des professionnels du soin sont régulièrement en contact avec ces problématiques, et nombreux sont celles et ceux qui se forment à l’hypnose, aux thérapies brèves et autres approches thérapeutiques, tout en exerçant leur activité initiale.

Médecins généralistes, spécialistes, sages-femmes, kinésithérapeutes, etc., enrichissent ainsi leur pratique en développant des compétences nouvelles dont l’intégration peut prendre des formes variées. Certains utilisent de façon subtile et non formelle des éléments comme l’hypnose conversationnelle, des techniques de questionnement, etc. D’autres, avec le temps, vont jusqu’à distinguer leur activité initiale de celle de thérapeute, tout en exerçant ces deux pratiques au sein d’un même espace. J’entends ici par « thérapie » toute pratique à visée psychothérapeutique (hypnothérapie, thérapies psychocorporelles, thérapies systémiques, etc.). Cette pluralité me concerne directement : ostéopathe de métier, je suis aussi hypnothérapeute, formé à la pratique de l’hypnose ericksonienne, aux thérapies brèves et à la Thérapie du lien et des mondes relationnels (TLMR).

Mon intérêt pour ces approches est né de deux constats : d’une part, l’impact déterminant de la qualité de la relation thérapeutique sur les effets des séances d’ostéopathie ; d’autre part, l’observation de la fréquence élevée des troubles physiques à composante psychosomatique. Nous aborderons dans un premier temps les enjeux, dans les métiers du soin, de la mise en application de compétences considérées comme étant en dehors du cadre habituel et « attendu ». Puis nous verrons une manière dont le cadre d’intervention peut être redéfini. Enfin, deux exemples cliniques viendront illustrer la manière dont le questionnement peut aider à l’accordage entre le patient et le thérapeute autour de ces limites. Les enjeux de la « double casquette » Le développement et la mise en pratique de ces nouveaux apprentissages induisent, me semble-t-il, une inévitable transformation du cadre d’intervention, et imposent d’en (re)définir les limites. Surtout lorsque, progressivement, commence à se dessiner chez le praticien cette « seconde casquette » qui est celle de thérapeute. Et il semble que, même dans les cabinets où la pratique est double, et pour les motifs pouvant comporter une dimension psychosomatique, les patients viennent majoritairement consulter en premier lieu le professionnel du « physique » (le kinésithérapeute, le médecin, l’ostéopathe, etc.).

Probablement parce qu’il peut paraître moins engageant d’adopter la position « occupez-vous de mon corps », plutôt que « occupez-vous de moi ». Le défi réside dans cette transition délicate, lorsqu’elle est dictée par le processus thérapeutique, d’amener le patient à s’engager dans un travail avec une dimension plus « thérapeutique ». Lorsqu’un patient nous consulte, il vient généralement nous voir « en tant que... » sage-femme, infirmier, psychothérapeute, etc. Il arrive avec une représentation, plus ou moins précise, de ce qu’il peut attendre du cadre dans lequel la consultation se déroule. Cette vision résulte des interactions entre son parcours de vie et les représentations du contexte sociétal dans lequel il évolue. Elle influence directement son engagement potentiel dans le soin. Plus notre façon de travailler s’éloigne de ces représentations, plus elle peut créer de la confusion et susciter un sentiment d’insécurité. J’ai pu observer ce phénomène à plusieurs reprises, par exemple lors de questionnements trop « orientés psy » ou à des propositions de « travail en hypnose » introduites trop tôt.

Les réactions vont alors de la résistance subtile dans la prise en charge à l’arrêt complet du suivi. Ces expériences m’ont appris l’importance, tout particulièrement face aux troubles à composante psychosomatique, de proposer un espace structuré par des limites claires. C’est dans ce contexte, propice au sentiment de sécurité, à l’établissement d’une relation de confiance et à la prise de position, que patient et thérapeute peuvent s’engager ensemble dans le travail. Exemple d’un dispositif à double activité Le cadre d’intervention proposé aujourd’hui dans mon cabinet prend la forme présentée dans le schéma suivant. Celui-ci n’est pas explicité de façon systématique, mais il est un guide permanent dans ma posture professionnelle et ma pratique.


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L’espace de travail (1) peut être défini comme « un lieu de mise en place du processus aidant le patient à résoudre son problème ». À l’intérieur de celui-ci, nous distinguons trois sous-parties :

- Le cadre « ostéopathie » (2) ;
- Le cadre « thérapie » (3) ;
- Et l’espace de « réflexion » (4). Ce dernier est dédié aux échanges sur les attentes, afin d’y déterminer s’il s’agit d’engager un travail ostéopathique ou thérapeutique. C’est principalement au sein de cet espace de réflexion que se situent les questions que nous verrons dans les illustrations cliniques, ainsi que les explications, si nécessaire, de ce qui peut se passer dans chacun des deux autres cadres (ostéopathie ou thérapie). Lorsque les attentes sont claires dès le départ, le passage y est bref, mais il peut parfois nécessiter le temps d’une séance entière. Il est alors important d’expliciter que c’est dans cet espace que nous sommes. Et puisqu’il s’agit d’un temps amenant à la prise de position, il comporte déjà des effets thérapeutiques potentiels. Je considère chaque démarrage de consultation comme une entrée, en premier lieu, dans l’espace de travail (1). Les motifs qui m’y sont présentés par les patients sont à 80 % d’ordre somatique (douleurs, troubles digestifs, fatigue, etc.), en lien avec ma base ostéopathique. Les autres motifs sont variés et proches de ceux rencontrés dans les cabinets de psychothérapie. Pour les motifs d’ordre somatique, il existe un continuum dans la représentation des causes perçues par les patients, allant d’une vision strictement « mécanique » à une perception plus « psycho-émotionnelle », avec des degrés variés de combinaison entre les deux. Et puisque cette représentation influence directement l’éventualité d’un travail plus thérapeutique, j’y porte une attention particulière dans mon écoute.


DEUX ILLUSTRATIONS CLINIQUES
1. Algoneurodystrophie Afin d’illustrer mon propos, commençons avec l’exemple de Jérôme. Ce jeune sportif de 20 ans fait partie de ces patients « partants pour tout ». Il s’est fracturé le plateau tibial en jouant au volley il y a dix-huit mois. Il a ensuite développé une algoneurodystrophie du genou gauche qui a duré quelques mois. Lorsqu’il vient me voir, il va déjà mieux et les examens médicaux sont bons, mais il décrit des douleurs résiduelles et une appréhension qui l’empêchent de courir. Il me dit aussi : « C’est bizarre, je ne le sens pas comme l’autre, il est engourdi. » Comme j’ai un léger doute sur le fait qu’il vient bien me voir en tant qu’ostéopathe, je lui demande :
- Thérapeute : « Est-ce que je peux vous demander comment vous avez eu mon nom ?
- Jérôme : C’est avec un ami, vous lui avez débloqué le dos.
- Th. : D’accord, donc il vous a parlé de moi en tant qu’ostéopathe j’imagine ?
- Jérôme : C’est ça. Par contre j’ai vu que vous faisiez aussi de l’hypnose.
- Th. : C’est vrai. Et qu’est-ce qui vous a plutôt décidé à prendre rendez-vous avec moi ? Le conseil de votre ami ? Ou que je fasse de l’hypnose ?
- Jérôme : Que vous fassiez de l’hypnose. J’ai entendu dire que ça pouvait aider pour les douleurs.
- Th. : Ah, et vous vous demandez si ça pourrait aussi vous aider ?
- Jérôme : Oui, clairement, s’il y a des chances que ça m’aide, je veux bien. Vous pensez que ça pourrait améliorer ?
- Th. : C’est une bonne question. Parfois quand certaines douleurs persistent au lieu de rentrer dans l’ordre, il y a une part émotionnelle qui peut être liée... en lien avec l’accident ou avec d’autres choses. Et ça peut faire obstacle. L’hypnose peut aider pour lever ce qui fait obstacle. (J’adopte une approche ouverte, succincte, en gardant une position de réserve quant aux résultats possibles. Ses réponses verbales et non verbales guideront notre démarche.)
- Jérôme : C’est sûr que l’accident, ce n’était pas rien pour moi, moi qui fais beaucoup de sport, ça m’a mis un coup. S’il faut travailler ça, je veux bien. (A l’entendre et à l’observer, je perçois chez lui une réelle motivation. Je m’autorise donc à proposer directement une façon de travailler ensemble.)
- Th. : D’accord. Est-ce que ça vous convient si je vous explique comment je travaille et comment on pourrait procéder ?
- Jérôme : Bien sûr.
- Th. : Comme votre ami vous a conseillé de venir me voir, je vous propose qu’on commence par une ou deux séances d’ostéopathie. En fonction de l’évolution, si des obstacles persistent, on verra s’il peut être intéressant de continuer ce travail avec l’hypnose. Qu’en dites-vous ?
- Jérôme : Ça me va très bien. »

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Pierre PETILLOT
Ostéopathe et hypnothérapeute en libéral à Vannes dans le Morbihan. Formée aux thérapies brèves et à la thérapie du lien et des modes relationnels. Formateur en TLMR

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06 / Éditorial Troubles Psychosomatiques S’engager dans une médecine plus holistique bio-psycho-sociale J. Betbèze 

10 / Avant-propos Une exploration de territoires où corps et esprit se rejoignent E. Bardot et S. Roy 

12 / En couverture Anne Donzé et Vincent Chagnon S. Cohen 

14 / Le pouvoir de l’eczéma Décontaminer le parent des effets du symptôme V. Bardot 

28 / Psoriasis géant De la pensée opératoire à la pensée symbolique par la Thérapie du lien et des mondes relationnels (TLMR) S. Roy 

40 / Psychosomatique et dermatologie : La peau, métaphore de la relation V. Bonnet

52 / Maux de tête et désir de perfection Sensations, externalisation et TLMR É. Bardot 

71 / La controverse de médecine psychosomatique Entre corps et esprit, une fracture médicale et philosophique G. Ostermann 

78 / Grand Entretien Jean Benjamin Stora et la psychosomatique intégrative G. Ostermann 

94 / La psychosomatique, un phénomène hypnotique protecteur Sensations, émotions et PTR G. Brassine 

106 / Honte et brûlures du cou Le symptôme somatique persistant M. Faucoup 

120 / Ostéopathie et psychosomatique Enjeux et apports de la « double casquette ». Algoneurodystrophie et de douleurs abdominales P. Pétillot


134 / Quand la douleur devient l’identité Se relier à sa mobilité relationnelle M.-A. Jolly 

146 / Trouble fonctionnel intestinal et syndrome anxiodépressif Signaux idéomoteurs et psychosomatiques S. Radoykov 

152 / Asthme et créativité Les suggestions posthypnotiques de Proust P. Kivits 

164 / L’hypnose thérapeutique, de quoi parle-t-on ? Un échange croisé, autour de l’hypnose thérapeutique É. Bardot, J. Betbèze et S. Roy
172 / Poême Ce corps K. Ficini
 

Souffrance et créativité: Blandine ROSSI-BOUCHET pour la Revue Hypnose et Thérapies Brèves 76.

Formation Hypnose Medicale - jeudi 1 mai 2025 - 21:29
Le patient Milton Erickson sous le prisme orthophonique. Ce thérapeute hors du commun, qui a totalement révolutionné l’utilisation de l’hypnose, a surtout été un enfant puis un adolescent et un homme affligé de nombreux handicaps. Focus orthophonique sur un patient singulier : le sage de Phoenix. L’ENFANT

Comme un synopsis de western, l’histoire débute dans le Grand Ouest et ses contrées inhospitalières. Un certain Mr Erickson, descendant d’immigrés scandinaves et originaire de Chicago, venait de quitter sa ferme du Wisconsin pour un trou perdu au fin fond du Nevada : Aurum et ses mines.

Bébé Milton y vit le jour en 1901, dans une cabane dont « trois côtés étaient en rondins, le quatrième étant la montagne ». La prospection se révélant plus délétère qu’aurifère, la famille retourna à ses racines terriennes dans le Wisconsin. C’est là que la scolarité du petit Milton mit en évidence ses troubles sensoriels et congénitaux. Il était daltonien (1) avec une dyschromatopsie au rouge et au vert ; c’était sa façon de voir jusqu’à ce qu’il remarquât certaines réactions positives de ses proches pour des couleurs neutres ou affreuses pour lui-même (seul le violet trouvait grâce à ses yeux).
Cette singularité fut certainement le début d’une autre histoire, qui occupa le reste de sa vie : la relativité de la perception. Milton était également amusique (2) et présentait une surdité aux rythmes auditifs, incapable de reconnaître une mélodie qui n’était pour lui que du bruit. Il compensa certainement cette particularité par une observation attentive des mouvements des doigts de ses soeurs sur le piano, le tempo de son rythme cardiaque, ou encore le rythme respiratoire.

Le petit Milton était surtout sévèrement dyslexique (3), raison pour laquelle il se passionna pour la langue, passant des journées entières le nez dans les dictionnaires, lui valant le surnom de « Monsieur Dictionnaire ». Son professeur essaya semble-t-il en vain plusieurs techniques pour aider son élève en difficulté. Un jour, elle écrit au tableau deux mots dont l’accolement aurait pu former le mot « gouvernement » à condition de supprimer une syllabe. Milton fixa ces deux mots et dans une sorte d’exercice d’imagerie mentale créa un pont virtuel entre les deux, une sorte d’hallucination hypnotique avec le mot « gouvernement » écrit en un seul morceau. Il venait d’expérimenter spontanément une technique de rééducation orthophonique.

En réalité, dès sa plus tendre enfance le petit Milton a cherché et surtout trouvé lui-même des solutions à chacune de ses difficultés. « Si l’ambiance de son enfance était paisible, le petit Milton n’en était pas moins handicapé, mais ces handicaps n’ont pas pour autant monopolisé la vie de famille. Que Milton soit daltonien, sourd aux rythmes musicaux et dyslexique ne semble pas avoir été traité comme une affaire d’Etat chez les Erickson », selon Dominique Megglé. De nos jours, toute la vie de la famille aurait sans nul doute été centrée sur ces soucis, reconnus comme handicaps, à tort ou à raison, par la société. Madame Erickson aurait consulté le pédiatre ou son médecin généraliste, une prescription de bilan orthophonique aurait été remise à la maman de Milton, et ce dernier aurait ensuite passé toute une batterie de tests normés et étalonnés pour s’entendre annoncer le diagnostic de dyslexie (dysorthographie associée a priori).

Des séances de rééducation (avec moult matériels et diverses techniques rééducatives plus perfectionnées les unes que les autres) auraient été mises en oeuvre par un orthophoniste pour montrer au petit patient Milton comment compenser son trouble de lecture. Ce dernier aurait ainsi bénéficié de réponses adaptées, d’une aide appropriée et n’aurait pas eu à découvrir et inventer par lui-même les nouveaux apprentissages nécessaires à la compensation de ses handicaps. Peut-être en aurait-il retiré encore plus de possibilités adaptatives, les soins orthophoniques se basant sur les ressources du patient pour révéler toutes ses potentialités compensatrices. Mais qui dit que cela n’aurait pas, au final, bridé les capacités géniales et l’inventivité induites par les handicaps qu’il lui aura bien fallu surmonter sans aucune autre aide que la sienne ?

L’ADOLESCENT

En 1919, à l’âge de 17 ans, il fut victime d’une forme grave de poliomyélite qui, après trois jours de coma, le laissa paralysé... Pendant plus d’un an, cloué durant de longues heures dans son lit puis dans un fauteuil à bascule, fort de son expérience antérieure liée à son amusie et sa dyslexie, Milton poursuivit ses expérimentations sensorielles (et hypnotiques) pour développer à l’extrême cette faculté d’observation remarquable qu’il mit au service de son « auto-rééducation ». Ses deux soeurs aînées lui enseignèrent, à leur insu, l’importance du langage non verbal, capable d’exprimer l’inverse du langage verbal. Sa plus jeune soeur, en plein apprentissage de la marche, lui permit de se remémorer ses gestes antérieurs et de les coordonner... Par la seule force de sa volonté, de sa ténacité et d’efforts acharnés, il recouvra pratiquement l’ensemble de ses capacités en moins d’un an. Si j’ose transposer cette situation une fois encore à notre réalité actuelle, Milton aurait bénéficié d’une rééducation intensive en kinésithérapie au sein d’un centre de médecine physique et de réadaptation.

Seul dans sa chambre, il aurait peu bénéficié de la présence inspirante de sa fratrie. En lieu et place, il aurait côtoyé quotidiennement d’autres patients tous plus handicapés les uns que les autres, à différents stades de leur réadaptation, chacun reproduisant les mouvements demandés par son kinésithérapeute respectif... Milton découvrit par lui-même les phénomènes de l’autohypnose thérapeutique : « Je ne pouvais même pas dire où se trouvaient mes bras et mes jambes dans mon lit. C’est ainsi que j’ai passé des heures à essayer de localiser ma main, mon pied, ou mes orteils, en guettant la moindre sensation, et je suis devenu particulièrement attentif à ce que sont les mouvements. » Avec un protocole de soin élaboré par un autre, n’ayant à observer que des patients brisés et handicapés, Milton aurait-il développé les mêmes capacités ? Se serait-il rétabli de façon aussi remarquable ?

L’ÉTUDIANT PUIS LE JEUNE MÉDECIN

De nombreuses et douloureuses séquelles physiques grevant toute possibilité pour lui de devenir agriculteur, le jeune Milton aurait pu sombrer dans la dépression, être gagné par la colère. Il aurait pu laisser le ressentiment le gagner, occuper toutes ses pensées, monopoliser toutes ses pensées... Je l’ai déjà observé chez certains patients. Il semblerait que dans la famille Erickson, le mot échec ou renoncement n’existe pas. Comme son père avait appris de ses échecs de prospecteur en changeant de vie, Milton choisit de transformer son vécu de la maladie en armes de conviction thérapeutique. Il passa de l’autre côté du stéthoscope en toute conscience : « Ensuite, quand j’ai commencé à récupérer et que j’ai pris conscience de mes handicaps, je me suis demandé comment j’allais gagner ma vie. (...) Je n’avais plus les forces requises pour être fermier, mais peut-être en aurais-je assez pour être médecin... »

Etudiant en troisième année de médecine, Milton participa au séminaire sur l’hypnose organisé par Clark Hull dans son université, qui fut le véritable déclencheur de la vocation de celui qui était déjà nommé « Monsieur Hypnose ». Refusant les procédures d’induction standardisées que souhaitait son mentor, Milton décida de mener ses propres recherches sur l’hypnose. Il continua ainsi son propre chemin en développant son empathie naturelle, sa sensibilité accrue à ressentir la souffrance de l’autre, ainsi qu’une faculté de compréhension de l’être humain dans toute sa complexité.

Quelques années plus tard, une conviction inébranlable chevillée à son corps meurtri, son doctorat en médecine ainsi qu’une maîtrise de psychologie en poche, ce médecin obstiné poursuivit sa carrière au sein de services lui interdisant la pratique de son art de prédilection. Qu’à cela ne tienne. Le défi et le contournement de la résistance étant pour ainsi dire dans ses gènes (pour preuve l’histoire du veau) (4), Milton Erickson brava l’interdiction à sa manière, tout en subtilité. Il développa envers et contre tous des techniques de communication d’allure non hypnotique très efficaces et directement inspirées de l’hypnose.

L’HOMME MÛR

Pendant la guerre, sa santé se dégrada, du fait d’allergies croissantes liées au climat humide du Michigan. En 1948, à 47 ans, des accidents allergiques gravissimes le conduisirent en réanimation. Il devait absolument partir vivre dans un climat chaud et sec pour préserver sa santé fragile. Encore une fois la vie lui jouait un sale tour, un de plus : Milton devait tout abandonner au moment où ses travaux commençaient à être célèbres et respectés... Nouveau défi en réalité ! Il s’installa dans un endroit désertique à Phoenix en Arizona, où il ouvrit un cabinet de thérapeute libéral, libéré surtout des contraintes administratives. Il démarra rapidement des consultations peu orthodoxes pour cette période d’omnipotence psychanalytique.

Le thérapeute ne devait en aucun cas se mêler de la vie sociale des patients, ni faire intervenir la sienne, ni se rendre à domicile ; il recevait toujours individuellement le client, et sa tâche était de l’aider à comprendre ce qui, dans son passé, l’avait amené aux difficultés présentes. Point final. Milton Erickson fit exactement ce qu’il voulait, ou plutôt ce qu’il pensait devoir faire dans l’intérêt de chacun de ses patients. Cette perspective thérapeutique, appelée « écosystémique » en orthophonie, l’a ainsi conduit à recevoir le couple en cas de problème conjugal, à se rendre lui-même dans la famille, ou bien à la recevoir dans son ensemble en cas de problème familial. Il fut le premier à comprendre qu’un patient ne pouvait s’expliquer en dehors de son contexte. Selon Dominique Megglé, des patients souffraient, il voulait les soulager ; rien d’autre n’avait d’importance. Plus rien ni personne ne réfrénait sa créativité.

L’HOMME RATTRAPÉ PAR LA MALADIE

En 1953, Milton Erickson subit une seconde crise de la poliomyélite qui provoqua de nouveaux déficits musculaires, aggravant encore son handicap. Il perdit l’usage des deux jambes et d’un bras. Progressivement sa voix, son instrument de travail aiguisé comme un scalpel, devint quasi inaudible, à tel point que les derniers films tournés avec lui sont sous-titrés. A notre époque Milton aurait été déclaré inapte, mis en invalidité et serait une nouvelle fois retourné en service de médecine physique et de réadaptation.

A moins qu’il n’ait préféré le libéral, la semaine s’égrainant au rythme des séances de kinésithérapie pour maintenir son autonomie physique. Milton aurait passé beaucoup de temps dans les ambulances pour bénéficier en outre de séances d’orthophonie visant à lui permettre de limiter les conséquences de sa dysarthrie et de son hypophonie.
Ces soins chronophages et énergivores lui auraient-ils laissé l’opportunité de poursuivre son travail en simplifiant davantage ses techniques afin de produire le maximum d’effet avec l’intervention la plus minime ? Les soins orthophoniques auraient-ils amélioré la communication non verbale de cet homme cloué dans sa chaise roulante ? Est-il possible de faire émerger chez un patient hypophonique, qui ne l’a jamais expérimenté auparavant, toute une diversité d’expressions du regard ou de la mimique, passant successivement de l’espièglerie à la vivacité, la fermeté, la douleur, puis la détente ou autres multiples indications hypnotiques ? J’en doute. FIN DE (SA) VIE Les dix dernières années de sa vie, Milton Erickson était perclus de douleurs. Tout effort prolongé lui était physiquement insupportable, malgré l’autohypnose.

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NOTES
1. Le daltonisme (ou dyschromatopsie) est une anomalie de la vision affectant la perception des couleurs d’origine généralement génétique.
2. L’amusie est une anomalie neurologique dans laquelle le rythme, la mélodie et les accords de musique ne sont pas perçus ou n’ont pas de sens pour une personne d’audition par ailleurs normale. L’amusie peut être congénitale ou résulter d’une lésion cérébrale.
3. La dyslexie est un trouble du neurodéveloppement impactant la lecture, qui est reconnue comme un « trouble spécifique de l’apprentissage » ou TSA, et objet de soins orthophoniques pour permettre à l’enfant ou l’adolescent de dépasser ou compenser ce trouble. La dyslexie s’accompagne parfois de dysorthographie, qui concerne l’orthographe.
4. « Un jour, son père tente de faire rentrer un veau dans l’étable en le tirant par le licol. Plus il le tire vers l’étable, plus l’animal fait pile. Milton observe la scène et la trouve très drôle : son père suant et criant, la bête placide et immobile. Le rire sans retenue de Milton exaspère papa qui, furieux, finit par lui dire : “Eh bien, vas-y puisque tu es si fort, fais le rentrer dans l’étable !” Mis au défi, l’enfant réfléchit un bref instant, puis alors que son père continue à tirer le veau vers l’étable, prend la queue de celui-ci et se met à tirer de toutes ses forces dessus, en sens contraire, comme pour l’éloigner de l’étable. L’animal y rentre aussitôt bien sagement. Leçon de l’histoire, qu’Erickson racontera souvent : quand on doit résister à deux forces, on choisit toujours de résister à la plus faible ; la prétendue “résistance” au changement est une force à utiliser, non à combattre, et la meilleure alliée au service de ce changement » (Dominique Megglé, p. 21).

BIBLIOGRAPHIE
- Erickson M.H., Rossi E.L., Rossi S.I., « Traité pratique de l’hypnose, la suggestion indirecte en hypnose clinique », Grancher, Esclaquens, février 2006.
- Erickson M.H., « L’hypnose thérapeutique, quatre conférences », ESF Editeur, Clamecy, février 2018.
- Halay J., « Un thérapeute hors du commun, Milton H. Erickson », Desclée de Brouwer, Langres, octobre 2013.
- Megglé D., « Erickson, hypnose et psychothérapie », Retz, Paris, 2005, 3e édition.

Blandine Rossi-Bouchet dit Layuyouse Orthophoniste, autrice (ouvrage Douleur en pratique orthophonique),
enseignante au CFUO (Centre de formation universitaire en orthophonie) de Bordeaux, ainsi qu’au DIU Hypnose de Bordeaux où elle a été formée.
Elle est responsable Formation et éthique de l’association Hypnose33-Ecole bordelaise ericksonienne et a animé une Masterclass lors du 13e Forum de la CFHTB qui a eu lieu du 15 au 18 mai 2024 à Bordeaux, ainsi que 2 communications orales:
* Autohypnose: Question de Pratique & Pratique en Question.
* Hypnose en pratique orthophonique (HypnoPhonie®).
Elle est Membre de France EMDR - IMO.
Commandez la Revue Hypnose & Thérapies brèves n°76 version Papier N°76 : Fév. / Mars / Avril 2025

Effet placebo, dialogue stratégique.


Julien Betbèze, rédacteur en chef, nous présente ce n°76 :

. Dominique Megglé est parti quelques jours en mission avec MacGyver pour trouver le secret de la thérapie réussie. Cet article concerne tous les bricoleurs avisés, adeptes du couteau suisse de la relation humaine. Dominique est revenu de sa mission avec une grande découverte : le placebo. Comment faire pour retrouver cette piste ? Il nous suggère d’accepter d’être « démuni, pauvre, à sec, sans idée », pour pouvoir bricoler « comme un cheval adroit ou un chien de chasse rusé ». La technique pour la technique, voilà le piège.

Thierry Piccoli nous décrit l’importance du dialogue stratégique pour rejoindre l’autre dans son monde de peur et préparer l’engagement dans la tâche thérapeutique afin de bloquer les tentatives de solution. A travers la situation de Corinne, prisonnière d’attaques de panique, il nous montre avec précision comment ce dialogue recadre la situation en permettant une expérience émotionnelle correctrice.

Nous faire découvrir Milton Erickson comme un patient est le challenge que nous offre Blandine Rossi-Bouchet. Cet article original nous amène à percevoir Milton Erickson du côté de ses symptômes (séquelles de dyslexie, aphasie, dysarthrie, douleurs récurrentes), et à découvrir comment ces épreuves l’ont conduit à développer sa créativité et sa résilience.

Vous lirez dans l’« Espace Douleur Douceur » l’introduction de Gérard Ostermann qui nous présente trois articles : celui de Marc Galy nous montre, avec la situation d’une jeune femme présentant un cancer du sein, comment remettre en mouvement les processus d’anticipation à partir de la présence partagée.  Rachel Rey aborde l’intérêt de l’hypnose en préopératoire chez les enfants atteints de scoliose. Maud-Roxane Delatte nous offre une belle expérience concernant l’hypnose et la rééducation de la main en post-opératoire.

Le dossier thématique est centré sur la gériatrie. Sophie Richet-Jacob nous présente trois cas cliniques concernant le traitement du trauma chez le sujet âgé : deux sont en lien avec la guerre, le troisième cas est en lien avec des violences conjugales et tentative d’assassinat. Elle évoque la méthode de l’Haptic Gamma Embodiement (HGE) pour préparer le travail sur les mouvements alternatifs et les changements de scénarios, avec utilisation éventuelle de Playmobils.

Marie Floccia et Geneviève Perennou nous montrent l’importance de l’hypnose pour accompagner les personnes atteintes de troubles neurocognitifs et leurs aidants. Elles illustrent leur propos avec le cas de Madame Jeanne, 84 ans. Cet article montre les spécificités de la transe chez les personnes âgées et l’importance de retrouver l’estime de soi à travers des expériences de fierté.

Serge Sirvain et Guillaume Belouriez utilisent l’hypnose dans une lecture systémique pour améliorer la qualité de vie des patients en soins palliatifs. Avec deux situations cliniques, les auteurs illustrent l’intérêt de ce lien épistémologique pour pouvoir répondre de manière éthique à ces situations complexes.

Les rubriques :
Enfin, vous retrouvrerez vos rubriques préférées de Stefano Colombo et Muhuc sur le temps qui passe, de Sophie Cohen sur la peur de tomber dans l’abîme, d’Adrian Chaboche sur le mouvement pour retrouver la vie, et de Sylvie Le Pelletier-Beaufond qui nous emmène au Mali pour découvrir le kotéba, thérapie inspirée du théâtre traditionnel.

Livres en bouche

Illustrations de Caroline Berthet

Scoliose et hypnose.

Formation Hypnose Medicale - mardi 29 avril 2025 - 17:06
Retrouver enfin le premier rôle dans le film de ta vie. Rachel REY pour la Revue Hypnose et Thérapies Brèves 76. SPH... Trois lettres pour désigner un travail mené avec les suggestions post-hypnotiques, réalisé ici sur une patiente de 16 ans en attente d’une opération de chirurgie orthopédique. L’objectif : apaiser une forte anxiété, préparer aux différentes étapes de l’opération, recadrer la douleur, insuffler du confort et de la détente pour mieux aborder la voie de la guérison.

Depuis longtemps, tu es obligé de porter un corset, qui entrave tes mouvements et limite tes actions. « C’est pour ton bien ! », te répète-t-on. Les consultations et les examens radiologiques se succèdent années après années, tout au long de ta croissance. De praticiens en praticiens, de consultations en consultations, tu es guidé. Et puis un jour, on t’explique que tu dois être opéré de cette scoliose idiopathique devenue trop importante. Que l’on va mettre en place des implants métalliques le long de ta colonne vertébrale afin de la redresser. Depuis ton plus jeune âge tu as suivi et respecté les consignes et aujourd’hui tu es face à cette nécessité, avec toute l’angoisse que cela comporte.

Comment te redonner la possibilité de retrouver enfin le premier rôle dans le film de ta vie ? Proposer aux parents et aux enfants une préparation par l’hypnose en amont de cette chirurgie lourde, invalidante, douloureuse et très anxiogène. Du port du corset thoracique, en passant par une préparation spécifique dans un établissement de rééducation. Un long travail en kinésithérapie est imposé aux enfants, extensions sur des brancards de traction, exercices respiratoires destinés à améliorer le recrutement pulmonaire, apprentissage des techniques de mobilisation en bloc pour faciliter les levers et permettre de réaliser les gestes de la vie quotidienne en épargnant la colonne vertébrale.

Avec bien évidemment un suivi post-opératoire tout aussi pesant, qui nécessite plusieurs jours en réanimation afin de gérer la douleur, les nausées, les vomissements, la reprise du transit, les pansements chirurgicaux et les mobilisations jusqu’au premier lever, suivi d’un séjour en service de chirurgie pour finir par le retour en service de rééducation fonctionnelle.

OBJECTIF DE TRAVAIL ET TECHNIQUES D’HYPNOANALGÉSIE.

L’objectif de cet accompagnement hypnotique est multiple. Il vise à réduire l’anxiété préopératoire, à recadrer et agir sur la douleur, à redonner un sentiment de contrôle au patient et enfin à favoriser une réhabilitation précoce. Le protocole propose deux séances d’hypnose en préopératoire à une semaine d’intervalle, ce qui permet de laisser émerger les demandes, les remarques éventuelles des enfants ou des parents. La première séance consiste à établir la relation de confiance indispensable à toute prise en charge.

Démystifier l’hypnose, expliquer comment on se prépare et surtout pourquoi cela a un ressenti positif. Répondre aux interrogations, reformuler, recadrer, obtenir un « yes set », délivrer les autorisations et accompagner l’enfant dans la recherche de son souvenir agréable ou de son lieu sécure actif. Puis le guider vers une transe, valider un signaling et enfin réaliser un ancrage. Suit le débriefing de la séance, une prescription de tâche, autohypnose et pour finir la prise de rendez-vous pour la semaine qui suit. Evocation de la séance prochaine avec l’anticipation agréablement surprenante du jour J. La deuxième séance consiste à évoquer la tâche. A-t-elle été réalisée ? Si non, qu’a fait l’enfant de plus utile pour lui ? Puis proposer à l’enfant de se mettre en autohypnose avec son geste en l’accompagnant pour s’assurer de la qualité de l’ancrage. Retrouver le lieu sécure actif, permettre une double dissociation avec une anticipation au jour de la chirurgie. Le travail de suggestion est axé sur la prémédication, le relâchement musculaire, le contrôle du saignement, la cicatrisation et le recadrage de la douleur. Enfin, un soin est porté sur les suggestions concernant la prise en charge en réanimation avec l’évocation d’une facilité pour l’élimination, la réalimentation, le confort, la détente et une réhabilitation rapide. Comme lors de la séance précédente, on réalise un débriefing, on répond aux questions et on se donne rendez-vous pour le jour libérateur.

CAS CLINIQUE

Présentation C. a 16 ans et doit bénéficier d’une ostéosynthèse du rachis. On note dans les antécédents chirurgicaux, à l’âge de 9 ans, une fracture des deux os de l’avant-bras lors d’une chute en quad qui a nécessité une intervention au bloc opératoire. Lors du réveil, C. présente une agitation très importante, des nausées et vomissements post-opératoires (NVPO). Il est noté un contexte d’anxiété très important chez C. et ses parents. Le chirurgien orthopédique propose donc à C. et sa famille un accompagnement par l’hypnose en vue de sa chirurgie future.

Chacun adhère favorablement à cette proposition. La maman me contacte pour la prise de rendez-vous. Elle me dit être très soulagée de cette prise en charge. L’échange téléphonique est très cordial. Première séance Je rencontre C. et sa maman au centre de rééducation. Nous nous installons dans une salle avec des fauteuils et des tapis. Je demande à C. où elle souhaite s’installer ? Elle choisit un fauteuil, j’invite la maman à s’asseoir sur celui de son choix et enfin je me positionne sur le dernier fauteuil. Je leur demande si elles ont déjà entendu parler de l’hypnose et si elles en ont déjà bénéficié. C. me parle de spectacle. J’assure un recadrage. J’explique ce qu’est l’hypnose médicale et comment ça marche. M’adressant à C. : « Lorsque tu es en cours, il t’arrive d’avoir la tête ailleurs, ton prof parle et pourtant, tout en étant là, tes pensées sont ailleurs » (signe de tête affirmatif).

« Vous Madame, en rentrant à la maison en voiture, ne vous êtes-vous jamais surprise à ne plus vous souvenir d’avoir déjà passé ce feu ? (sourire et signe de la tête). C’est un phénomène dissociatif naturel qui se produit plusieurs fois au cours d’une journée, c’est normal et c’est ce phénomène que j’utilise avec l’hypnose. » M’adressant à C. : « En fait, tu sais déjà parfaitement le faire et je vais juste te donner quelques techniques pour que tu puisses utiliser cette capacité que tu as afin d’aider Emilie (c’est le prénom de la chirurgienne avec laquelle elle s’entend très bien) ». Mise en place de l’alliance thérapeutique. Je m’assure qu’elle est bien d’accord pour faire une expérience qui va l’aider à faciliter les gestes du chirurgien. Je n’utilise pas le terme « exercice », car la journée de l’enfant est déjà rythmée par les exercices de kinésithérapie et je ne souhaite pas en rajouter.

Au cours de notre échange, je valide une suite de oui « yes set ». En accord avec C., je propose à la maman de rester pour la séance si elle le souhaite. Je recherche les centres d’intérêt, j’évoque un endroit sécure, un souvenir agréable, les vacances, le sport... C. choisit un circuit moto, car c’est une passion familiale. J’explique que je vais l’accompagner dans cet endroit, et lorsqu’elle s’y trouvera, elle me le fera savoir par un signe de tête ou de doigt (signaling).

Puis je lui demande de choisir un geste, croiser les doigts par exemple, afin de retrouver très facilement ce lieu et les sensations de bien-être, de confort pré-supposé. Je les invite toutes deux à s’installer le plus confortablement possible et je délivre toutes les autorisations, bouger, parler, ouvrir ou fermer les yeux... se sentir libre de faire ce qu’elles veulent. Entendre ou non les bruits qui nous entourent, écouter ma voix (inclusion)... J’obtiens une succession de « oui » qui me permet de valider le « yes set » avant de débuter la séance. Je m’assure qu’elles sont toutes deux confortablement installées. J’utilise une induction respiratoire pour favoriser l’induction d’anesthésie au masque.

Ayant travaillé la respiration avec la kinésithérapeute, C. se sent parfaitement à l’aise, je la félicite, elle sait parfaitement faire les choses... Simplement laisser l’air pénétrer par le nez ou par la bouche sans rien changer, puis en suivre le trajet sans effort, simplement... Approfondissement avec le body scanner : prêter attention aux points d’appui, différence entre la jambe droite... la jambe gauche... ressentir une lourdeur, une légèreté ou tout autre chose, position des bras (confusion). Un relâchement dans les mollets, les cuisses, les épaules, les bras, les muscles de la nuque, du visage, les muscles autour des yeux, avec des mouvements derrière l’écran des paupières fermées (C. a fermé les yeux), puis retour à la respiration pour se rendre compte comme la respiration est devenue encore plus calme, plus confortable, et comme le ventre accompagne la respiration tranquillement, calmement... Profiter de cette respiration pour souffler ce qui n’est plus utile, ce dont elle n’a plus besoin. Emprunter le chemin de son choix avec évocation du VAKOG et apercevoir une porte qu’elle imagine comme elle le souhaite... couleur... matériaux... taille décoration... Enfin, ouvrir cette porte pour entrer dans son endroit de sécurité. Je l’invite à s’installer encore plus confortablement... reprise du body scanner... appuis sur... moto (VAKOG)... les voix, les odeurs, les moteurs... se sentir calme, paisible, tranquille, profiter de ce moment... Je constate les signes de transe au niveau des muscles du visage, des mouvements oculaires, un relâchement des épaules (ratification et félicitations). Je m’assure que C. est bien dans cet endroit où elle se sent bien par un signaling, elle me fait oui de la tête, alors je lui demande de faire son geste (ancrage). Elle croise les doigts... Validation, félicitations.

- Suggestions post-hypnotiques (SPH) : elle retrouvera le confort de cet endroit, sans effort, simplement en faisant ce geste, en fermant les yeux et en laissant la respiration respirer comme elle respire... Elle peut utiliser ce geste chaque fois qu’elle en ressent le besoin, très simplement. Elle peut profiter de ce moment et garder cet état de détente pour les heures, les jours, les semaines qui viennent. Elle peut prendre ce qui est utile pour elle et laisser ce dont elle n’a plus besoin en sachant qu’elle peut toujours le retrouver si elle le souhaite, en laissant l’inconscient se souvenir de ce qui est nécessaire, afin que les choses se passent simplement comme elles doivent se passer. Apprécier le relâchement musculaire, le dos est très relâché, confortable, parfaitement détendu... Le corps sait très bien faire cela. Métaphore de la poupée de chiffon.

- Retour : lorsque tu auras assez profité, lorsque tu auras pris ce qui est utile pour toi et ce dont tu as besoin, tu peux reprendre le chemin, à ton rythme, et revenir dans cette pièce au centre de rééducation.

- Débriefing : sur le ressenti de la séance, si certaines choses ont dérangé, ou si elles souhaitent me faire part de quoi que ce soit. La maman me dit être bien détendue, mais ne pas avoir fait ce que j’ai suggéré. Je lui dis que c’est très bien et qu’elle a certainement fait ce qui était utile pour elle à ce moment précis. C. qui me sourit : « Ouah ! c’est ouf votre truc ! C’est trop bien, je ne voulais pas revenir ! » Je demande à C. si elle a réussi à aller dans son endroit. Elle confirme que oui. Je lui demande si elle a des questions ou des remarques sur cette expérience, s’il y a des choses qui l’ont gênée ou qu’elle souhaite faire différemment la prochaine fois. Je lui précise que c’est important de me le dire pour qu’on puisse être encore plus efficaces toutes les deux la séance prochaine. Elle me précise ne rien vouloir changer. Je vérifie que toutes deux sont d’accord pour bénéficier d’une seconde séance d’hypnose. Tout le monde est volontaire, alors je propose à C. de faire quelque chose qui va être très utile pour elle, pour la chirurgie et pour Emilie la chirurgienne qui va l’opérer.

- Prescription de tâches : je demande à C., jusqu’à notre prochaine rencontre, de réaliser chaque jour au moment de son choix, lorsqu’elle est confortablement installée, le geste qu’elle a choisi et laisser simplement revenir les sensations en fermant les yeux, en se concentrant sur sa respiration et en sentant la position de son corps comme on vient de le faire. Je compare l’autohypnose à la moto : « plus on en fait et plus ça devient simple ». Un rendez-vous est convenu avec C. et sa maman pour la semaine suivante. Je dis à C. que notre prochaine séance sera une révision de sa chirurgie, un peu comme on révise une leçon avant un examen et qu’on sait qu’on est parfaitement prêt et rassuré. « Tu es OK avec ça ? » Comme C. est d’accord, je lui propose…


Rachel Rey Infirmière anesthésiste en pédiatrie au CHU de Nancy depuis 2004. Accompagne les enfants avec l’hypnose en pré, per et post-opératoire. Intervenante à l’école d’IADE pour la prise en charge du nourrisson et de l’enfant. Diplôme universitaire des Techniques d’épuration extrarénale à Strasbourg. Formation hypnose médicale et hypnoanalgésie à l’IFH, hypnose et thérapies brèves à l’Institut UTHyL à Nancy.

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Effet placebo, dialogue stratégique.


Julien Betbèze, rédacteur en chef, nous présente ce n°76 :

. Dominique Megglé est parti quelques jours en mission avec MacGyver pour trouver le secret de la thérapie réussie. Cet article concerne tous les bricoleurs avisés, adeptes du couteau suisse de la relation humaine. Dominique est revenu de sa mission avec une grande découverte : le placebo. Comment faire pour retrouver cette piste ? Il nous suggère d’accepter d’être « démuni, pauvre, à sec, sans idée », pour pouvoir bricoler « comme un cheval adroit ou un chien de chasse rusé ». La technique pour la technique, voilà le piège.

Thierry Piccoli nous décrit l’importance du dialogue stratégique pour rejoindre l’autre dans son monde de peur et préparer l’engagement dans la tâche thérapeutique afin de bloquer les tentatives de solution. A travers la situation de Corinne, prisonnière d’attaques de panique, il nous montre avec précision comment ce dialogue recadre la situation en permettant une expérience émotionnelle correctrice.

Nous faire découvrir Milton Erickson comme un patient est le challenge que nous offre Blandine Rossi-Bouchet. Cet article original nous amène à percevoir Milton Erickson du côté de ses symptômes (séquelles de dyslexie, aphasie, dysarthrie, douleurs récurrentes), et à découvrir comment ces épreuves l’ont conduit à développer sa créativité et sa résilience.

Vous lirez dans l’« Espace Douleur Douceur » l’introduction de Gérard Ostermann qui nous présente trois articles : celui de Marc Galy nous montre, avec la situation d’une jeune femme présentant un cancer du sein, comment remettre en mouvement les processus d’anticipation à partir de la présence partagée.  Rachel Rey aborde l’intérêt de l’hypnose en préopératoire chez les enfants atteints de scoliose. Maud-Roxane Delatte nous offre une belle expérience concernant l’hypnose et la rééducation de la main en post-opératoire.

Le dossier thématique est centré sur la gériatrie. Sophie Richet-Jacob nous présente trois cas cliniques concernant le traitement du trauma chez le sujet âgé : deux sont en lien avec la guerre, le troisième cas est en lien avec des violences conjugales et tentative d’assassinat. Elle évoque la méthode de l’Haptic Gamma Embodiement (HGE) pour préparer le travail sur les mouvements alternatifs et les changements de scénarios, avec utilisation éventuelle de Playmobils.

Marie Floccia et Geneviève Perennou nous montrent l’importance de l’hypnose pour accompagner les personnes atteintes de troubles neurocognitifs et leurs aidants. Elles illustrent leur propos avec le cas de Madame Jeanne, 84 ans. Cet article montre les spécificités de la transe chez les personnes âgées et l’importance de retrouver l’estime de soi à travers des expériences de fierté.

Serge Sirvain et Guillaume Belouriez utilisent l’hypnose dans une lecture systémique pour améliorer la qualité de vie des patients en soins palliatifs. Avec deux situations cliniques, les auteurs illustrent l’intérêt de ce lien épistémologique pour pouvoir répondre de manière éthique à ces situations complexes.

Les rubriques :
Enfin, vous retrouvrerez vos rubriques préférées de Stefano Colombo et Muhuc sur le temps qui passe, de Sophie Cohen sur la peur de tomber dans l’abîme, d’Adrian Chaboche sur le mouvement pour retrouver la vie, et de Sylvie Le Pelletier-Beaufond qui nous emmène au Mali pour découvrir le kotéba, thérapie inspirée du théâtre traditionnel.

Livres en bouche

Illustrations de Caroline Berthet

Douleur Chronique, un message adressé. Revue Hypnose et Thérapies Brèves 75.

Formation Hypnose Medicale - mercredi 23 avril 2025 - 17:53
Toute douleur qui s’exprime a besoin d’être accueillie, considérée, reconnue. A fortiori si celle-ci est chronique et racontée lors d’un accompagnement en hypnose. Ecouter et favoriser le message de la « personne douloureuse » contribuent à donner du sens au chemin thérapeutique partagé. La douleur d’une personne est « un fait anthropologique et non pas seulement un accident biomédical » (1). C’est l’expérience subjective d’un homme vivant parmi les autres hommes. Cette expérience, liée à sa culture, à son histoire, aux circonstances et aux enjeux, altère la personne ; laquelle se trouve alors changée et dégradée. « (...) j’étais changé » (2), écrivait André Gide. La douleur s’impose sans pouvoir être repoussée, refoulée. « L’émergence de la douleur est une me- nace redoutable pour le sentiment d’identité » (3). Lorsque cette expérience devient intense, la douleur « retire (l’homme) du monde », selon les termes de Hannah Arendt (4) ; jusqu’à parfois laisser percevoir l’ombre portée de la mort.

Comme pour Georges Canguilhem, « il nous paraît tout à fait important qu’un médecin proclame que l’homme fait sa douleur comme il fait une maladie ou un deuil – bien plutôt qu’il ne la reçoit, ou ne la subit » (5). Méfions-nous de tenter d’objectiver la douleur avec pour projet de la mesurer, de la discerner pour tenter de la maîtriser : illusion scientifique réductrice et déshumanisante. Nous ne rencontrons jamais une douleur mais toujours une personne douloureuse. Ne confondons pas un symptôme avec l’expérience singulière d’une personne riche de son histoire et de sa culture.


« Expérience intime et incommunicable » (6), la douleur est pour autant indéniable même lorsqu’elle est dite chronique, vécue depuis plus de six mois, et inexplicable objective- ment. Cette douleur dite chronique, ou plus exactement cette personne douloureuse de- puis plus de six mois, changée et dégradée, se plaint à une autre personne, c’est une adresse à autrui, un message adressé... Comment accueillir ce message ? Comment en rechercher le sens ?

COMMENT ACCUEILLIR CE MESSAGE ?

Nous devons accueillir ce message adressé, ce que la personne douloureuse raconte de son histoire et de son vécu : ce qu’elle dit et ce qu’elle montre. Cette narration est primordiale, première, signifiante et médiatrice.

Primordiale car elle est constitutive de la nature humaine. Sans cette possibilité de raconter et de se raconter, l’homme serait pauvre en relation alors qu’il est constitutionnellement un être de relation. Nous rencontrons toujours une autre personne « au travers » d’innombrables interactions subjectives réciproques, singulières pour chacun ; rencontre imprévisible et modelée par les enjeux et les circonstances.

Première car toute personne, sujet agissant et souffrant, ne raconte pas seulement ce qu’elle expérimente – quoi ? – et la raison pour laquelle elle le raconte – pourquoi ? –, elle se raconte elle-même, elle fait part de son identité par la narration ; c’est l’identité narrative décrite par Paul Ricoeur (7). C’est-à-dire que la personne se désigne elle-même non pas seulement par qui suis-je ? mais aussi par que suis-je ? C’est pourquoi il ne s’agit pas seulement d’écouter, mais aussi et sur- tout d’accueillir cette narration au sens d’être présent, disponible, attentif et intéressé.

Signifiante car, radicalement subjective par nature, vive, vivante, la narration fait advenir un sens ; certes non sans parfois des difficultés et des incertitudes quant à la mise en œuvre de cette narration. Celle-ci permet de transformer les forces de la vie intime en leur donnant une sorte de réalité, une certaine apparence, un sens. La narration permet d’éclairer « ce symptôme (douleur) par le discours de ce patient et ne plus lire à travers la grille scientifique qui réduit chaque corps à un corps anonyme » (8). Toute maladie et toute douleur représentent aussi un phénomène socioculturel signifiant qui pourra se dévoiler au travers de la narration.

Médiatrice car la narration trouve ici un rôle majeur pour permettre à la personne douloureuse de cheminer en éclairant une autre personne qui lui offre une disponibilité d’accueil et l’écoute : une médiation interhumaine bénéfique et féconde ; une algologie narrative. En s’appuyant sur son imagination, ses représentations, sa culture et ses expériences douloureuses antérieures, la personne tente toujours de dire quelque chose de ce qu’elle éprouve. Encouragée et soutenue, la narration devient médiatrice en ouvrant la possibilité à l’informe de progressivement prendre une forme singulière ; en cela elle porte un potentiel de liberté (9).

EN PRATIQUE

• S’arrêter : arrêter toute activité en cours pour accueillir celui qui vient à nous.
• Ecouter : ne pas l’interroger mais se taire pour lui permettre de déployer sa narration. Ne pas rassurer, ni interpréter, ni conseiller : écouter !
• S’intéresser à ce que la personne raconte en manifestant notre intérêt.
• Repérer prudemment dans cette narration ce qui pourrait éclairer le sens de ce message adressé.

COMMENT EN RECHERCHER LE SENS ?

Pour permettre que la rencontre de la personne douloureuse chronique soit bénéfique et apaisante, nous devons lui permettre de rechercher le sens du message indicible qu’elle adresse à autrui sous la forme de douleurs chroniques.

Pour lire la suite...

NOTES
1. Simonnet G., Laurent B., Le Breton D., « L’Homme douloureux », Odile Jacob, 2018, p. 9.
2. Gide A., « L’immoraliste », Mercure de France, « Folio », 1902, p. 60.
3. Le Breton D., « Anthropologie de la douleur », Métailié, 1995, p. 25.
4. Arendt H., « Condition de l’homme moderne », Calmann-Levy, « Pocket », 1983, p. 91.
5. Canguilhem G., « Le normal et le pathologique », op. cit., p. 56.
6. Illich I., « Némésis médicale. L’expropriation de la santé », Fayard, 2003, p. 238.
7. Ricoeur P., « Approches de la personne », Revue « Esprit », mars-avril 1990, pp. 115-130.
8. Raimbault G., « Clinique du réel, la psychanalyse et les frontières du médical », Seuil, 1982, p. 27.
9. Reynier G., « Le hors-temps de la douleur chronique », Revue « Topique », 2010, n° 112, p. 99-117.
10. Husserl E., « Sur l’intersubjectivité », op. cit., tome II, p. 323.
11. Màrai S., « La sœur », Albin Michel, 2011, p. 221.
Pr Gérard OSTERMANN Professeur de thérapeutique, médecine interne, psychothérapeute. Administrateur de la Société française d’alcoologie, responsable du diplôme d’université de Pathologie de l’oralité, Bordeaux 2.
Dr Charles JOUSSELLIN Médecin et philosophe, chef de service de soins palliatifs, CHU Bichat - Paris (France),
Commandez la Revue Hypnose & Thérapies brèves n°74 version Papier N°75 : Nov. / Déc. 2024 / Janv.  2025

Les interactions pour favoriser un changement.

Julien Betbèze, rédacteur en chef, nous présente ce n°75 :

Si l’hypnose ericksonienne est une hypnose relationnelle, cela implique que le lieu d’habitation du corps soit la relation. Ainsi, lorsque la relation est vivante, le sujet vit une expérience corporelle où spontanément il accueille ses ressentis sensoriels, est en capacité de prendre des initiatives. En ce sens, le travail sur les interactions est primordial pour favoriser un changement.

Guillaume Delannoy, dans un article très pédagogique, nous montre à partir de quatre situations cliniques – douleur psychosomatique, jalousie entre sœurs, obésité morbide, angoisse de mort et tics nerveux – comment la modification des interactions permet l’activation des processus de réassociation. L’auteur, avec la participation de Vania Torres-Lacaze, souligne l’importance du travail de co-thérapie pour rendre possible le changement.

Delphine Le Gris nous raconte l’histoire de Sophie dont la vie est parcourue de relations insécures et qui cherche une solution à son problème d’insomnie. Elle nous décrit une séance d’hypnose avec un coffre-fort fermé à clé qui va lui permettre d’y enfermer ses ruminations et de retrouver un sentiment de protection.

L’importance de l’humour est au centre du texte de Solen Chezalviel, dont la créativité ouvre une petite lumière dans un monde empli de noirceur.

David Vergriete, avec sa grande expérience de prise en charge des addictions, évoque, à travers le cas de Guillaume souffrant d’alcoolisme chronique, l’importance de la qualité relationnelle et la nécessité d’interroger la question du sens et de la trajectoire existentielle.

Introduction Espace Douleur Douceur.

Dans l’espace ''Douleur Douceur'', Fabrice Lakdja et Gérard Ostermann nous parlent de la remédiation antalgique. Le retraitement de la douleur vise à réattribuer la douleur à des voies cérébrales réversibles et non dangereuses et à considérer la douleur comme une fausse alarme et non comme la signature de lésions tissulaires.

Maryne Durieupeyroux nous emmène à la rencontre de Pablo, jeune homme pris en charge en soins palliatifs pour des métastases multiples. Elle utilise le ''gant magique'' et évalue les réactions du patient au fur et à mesure de son travail.

Charles Joussellin et Gérard Ostermann : Accueillir, écouter et favoriser un effort de narration doivent être au centre de nos prises en charge. La question du sens, de l’anthropologie, sont indispensables à nos métiers de thérapeutes.

A partir d’un atelier avec Roxanna Erickson-Klein, Evelyne Josse montre l’importance des métaphores pour focaliser l’attention du patient et remettre la vie des sujets en mouvement. Roxanna utilise la métaphore de l’embarquement à bord d’un train pendant qu’Evelyne se laisse bercer par les mots et, dans cet état de transe, développe sa créativité. Les métaphores nous incitent ainsi à reconsidérer, réélaborer et réévaluer nos expériences en ouvrant de nouvelles possibilités pour redevenir auteurs de nos vies.

Jean-Marc Benhaiem nous décrit la manière dont il comprend la logique de l’intervention en hypnose. Il nous parle des trois modes d’être : mental, sensoriel et confusionnel. Le déséquilibre entre ces modes s’installe au sein des relations dysfonctionnelles, lorsque le sujet, pour se défendre, privilégie un mode au détriment des deux autres. A travers plusieurs situations cliniques, il fait le lien entre l’excès du mental et le contrôle excessif. Pour le thérapeute, il s’agit d’aider le patient à passer de la rigidité à la fluidité, en retrouvant un corps présent.

Les rubriques :
Sophie Cohen : Christelle et la trichotillomanie en question
Adrian Chaboche : La présence
Stefano Colombo et Muhuc : Voyage
Psychotrauma, PTR, EMDR
Sylvie Le Pelletier-Beaufond : Le souffle de la guérison au Népal
Livres en bouche
Résumé

Souffrance au travail et Hypnose. Dr Michel RUEL.

Formation Hypnose Medicale - samedi 19 avril 2025 - 17:14
AIDE À UNE PRISE EN CHARGE DE L’ÉPUISEMENT PROFESSIONNEL. Pression du travail, pression que l’on se met au travail, jusqu’au mal-être, au sentiment d’échec, jusqu’à l’effondrement, jusqu’au burn out. L’hypnose peut être un outil pour travailler sur la souffrance au travail, devenue phénomène de masse, en privilégiant l’écoute, la vigilance et l’urgence le plus souvent de prescrire un arrêt de travail. Notre commission a travaillé sur la souffrance au travail et ce qu’on pouvait proposer en hypnose à nos patients. Au-delà des nombreuses situations particulières, il est fondamental de repérer un phénomène qui s’amplifie. Il s’agit d’une souffrance de masse, liée au développement des techniques de management apparues dans les années 1980, techniques dont les effets pervers ont été tôt dénoncés et dont même leurs auteurs ont proposé des alternatives, mais qui imprègnent maintenant la conscience et les pratiques des managers formés uniquement à ces pratiques sans connaître la réalité du travail.

Pour prendre en charge nos patients, il faut comprendre les mécanismes intimes de cette souffrance. Le premier phénomène est l’emprise sur le psychisme et l’imaginaire des employés, à travers l’adhésion à une logique d’organisation et l’intégration d’une culture d’entreprise, système de valeurs et d’objectifs, et spécialement celui d’excellence. La quête inlassable de l’excellence rencontre le désir de l’individu de se dépasser, se réaliser dans sa carrière professionnelle, gagner des récompenses narcissiques et financières dans une société où la réussite financière est devenue le critère de réussite de la vie et où l’individualisme a pris le pas sur les anciennes solidarités et identités de classe. Dans le cadre de cette emprise, les affects vont être vécus sans prise de recul, l’anxiété sera moins celle d’une sanction que celle d’une insuffisance personnelle vécue avec culpabilité et un doute sur ses compétences, sentiment douloureux de l’échec personnel (même si les sanctions directes demeurent toujours importantes dans certains secteurs : centres téléphoniques, par exemple). D’autres éléments de souffrance sont la solitude de l’individu et la perte de sens de son travail. Le management s’emploie à mettre les salariés en concurrence en assignant des objectifs individualisés et irréalisables.

L’« évaluation individuelle des performances » se fait à l’aide d’instruments informatiques, d’indicateurs chiffrés qui évaluent des quantités sans référence à la qualité ni aux difficultés du travail. Surtout, la notion de travail d’équipe disparaît, chaque employé est mis en concurrence avec les autres. La rivalité remplace la solidarité et laisse l’employé seul face à des objectifs irréalisables, des indicateurs dont il ne comprend pas toujours le sens. Ce processus l’amène à douter de sa compétence. Il est même amené à douter de son identité, lorsque les contraintes organisationnelles ne lui permettent plus un travail de qualité, un travail bien fait qui soit reconnu par l’employeur et par ce qu’étaient autrefois les équipes, les collectifs de travail. Travailler doit avoir un sens, aimer le beau travail bien fait est une aspiration universelle.

L’abandon de la référence au travail bien fait – qui nécessite du temps – a conduit à créer la norme de la « qualité totale », mesurée par des indicateurs quantitatifs sans rapport avec la qualité réelle du produit entier. Ainsi Maxime Bellego relève-t-il : « Si la mesure du travail est trop éloignée du travail réel, il y a rupture idéologique et groupale entre celui qui mesure et celui qui fait, mais en plus la mesure vient empêcher le travail de s’effectuer correctement puisque c’est l’activité qui va s’adapter à la mesure et non l’inverse » (3). La perte de sens est maximale quand s’ajoutent les tricheries : falsifications comptables ou statistiques, mensonges sur la qualité, fraudes, aboutissant à une trahison de l’éthique professionnelle, une trahison de soi (2), source de malaise, de dépression. Les managers eux-mêmes peuvent souffrir de cette organisation, par exemple si on leur demande de choisir les employés à licencier pour répondre aux attentes des actionnaires. Sur le site Souffrance et travail (4), la psychologue Marie Pezé propose un test de « propagation du burn out » : clinique de la progression de la souffrance professionnelle jusqu’au suicide ou à des états dépressifs graves.

Ce test est très utile pour prendre la mesure de l’épuisement professionnel : éviter sa sous-estimation chez le patient, et nous faire mesurer la nécessité ou l’urgence d’un arrêt de travail si le risque est grand d’un dommage irréversible. Notre posture de « non-savoir » nécessaire à la pratique de l’hypnose, avec son accueil inconditionnel de ce qu’apporte le patient, se confronte ici à une obligation morale de secours à personne en danger, et donc savoir reconnaître le danger d’une exposition professionnelle dont le patient est incapable de se libérer seul. Aux premiers stades de cette souffrance, le patient est en état de consulter et de travailler avec l’hypnose (le texte résumé en italique est de Marie Pezé).

1. « Au début c’est la surchauffe. Les contraintes, le manque de moyens, de temps sont à la source d’inquiétude quant au travail qui n’est pas terminé et s’accumule alors que l’encadrement signifie : “vous devriez mieux vous organiser”. Vous avez l’impression de ne pas être à la hauteur de ce qu’on attend de vous. Vous vous dites que c’est vous qui n’en faites pas assez, ou pas assez bien. Vous commencez à vous sentir coupable de ne pas y arriver. Vous travaillez chez vous le soir, les week-ends. Mais même avec tous ces efforts, vous n’arrivez plus à vous mettre à jour. »

2. « Après six mois de stress. Votre capacité d’attention et de concentration est saturée, vous n’imprimez plus tout ce que vous devez retenir. Il vous faut plus de temps pour tout faire, ça devient un cercle vicieux. Vous avez la vue qui se trouble. Vous commencez à avoir mal de-ci de-là, puis bientôt vous avez mal partout. Tout commence à vous agacer, le manager qui vous demande de faire des choses en plus, vos collègues qui ne vont pas assez vite et qui bloquent votre travail. Vous avez du mal à trouver le sommeil. »

3. « L’engrenage. C’est l’étape décisive qui fait passer le salarié au fonctionnement compulsif dont il faudra bien que quelqu’un de son entourage l’extraie : vous vous réveillez en pleine nuit et vous êtes assailli par tout ce que vous n’avez pas fait, tout ce que vous avez encore à faire. Vous ruminez et vous n’arrivez plus à vous rendormir. Vous n’arrivez pas à lutter contre le TTU (“Très Très Urgent”), le toujours tout de suite, l’ASAP (“As Soon As Possible”). Vous travaillez de manière compulsive. Vous êtes captif du numérique, vous regardez tout en ligne. Vous démarrez toutes vos journées avec un sentiment de faute, de culpabilité, puisque vous n’êtes pas à jour… Vous êtes pris dans un engrenage : vous êtes fatigué, donc moins performant. Vous faites des erreurs, vous vous trompez de mots. » Au fur et à mesure de la progression vers les six stades suivants, de la désocialisation jusqu’à l’effondrement (à lire sur le site) (4), l’arrêt de travail devient une nécessité de plus en plus urgente.

COMMENT UTILISER L’HYPNOSE ? VOICI QUELQUES EXEMPLES...

1. Le sujet se sent coupable de ne pas y arriver. Proposer un recadrage pour diminuer la culpabilité, par exemple : « Est-ce vraiment vous qui êtes devenu insuffisant ? Est-ce que ce ne serait pas plutôt la restriction de personnel, le changement de méthodes managériales ? Est-il vraiment impossible de vous accorder le droit de respecter certaines limites (limiter vos horaires, faire des pauses) ? » Permettre au sujet de retrouver une image favorable de lui. Pour cela, faire revivre en hypnose un succès passé pour récupérer une image favorable de soi. Faire ressortir l’importance de « la pression » dans les comportements de maltraitance, celle de l’encadrement et celle que les employés s’infligent : ils pensent que ce rythme de travail est indispensable pour le travail de leurs collègues ou pour la survie de leur entreprise, ils ont intégré la lutte pour atteindre les objectifs fixés comme une nécessaire fidélité à leur engagement ou comme inévitable pour ne pas être licenciés. « Cette pression interne, comment parlet- elle avec vous, avec quelle voix ? » Quel est le moteur de cette fuite en avant ? D’autres se sentent impuissants à arrêter ce flot de tâches qui s’accumule et grossit de jour en jour.

Reformuler : « Là, maintenant vous vous sentez actuellement impuissant » (quoi faire seul sans soutien ? les anciennes solidarités ont été brisées). Pour faire faire un « pas de côté » au patient, nous l’invitons à prendre du recul, à se mettre en retrait. Qu’il devienne un tiers observateur de lui-même et de la situation afin de pouvoir changer de point de vue. Lâcher prise et faire un pas de côté lui permettront peut-être de se détacher, de se décoller de cette emprise combinée de l’entreprise et de sa propre exigence idéale de réussite dans sa course folle à l’impossible. 2. Le sujet manque de temps pour tout faire, ça devient un cercle vicieux : il a du mal à trouver le sommeil, il est plus irritable, impatient. Recadrer : l’irritabilité, l’impatience résultent de cette fatigue, ce stress de six mois qui a épuisé les batteries. L’écoute du patient nous amène à définir avec lui le but à atteindre avec l’hypnose. Puis on pourra faire venir sur la chaise devant le patient son chef N+1, sur une autre le PDG de la boîte, un collègue, le conjoint ou l’enfant du/de la patient(e), afin de décentrer le patient, le faire sortir de son regard autocentré culpabilisateur. Ailleurs, on peut emmener en transe le patient sur son lieu de travail et lui faire vivre une confrontation, avec ses collègues et son N+1, en l’accompagnant, en le questionnant sur ce qu’il ressent, ce qu’il va faire, avec le retrait possible et répété sur un lieu sûr, comme on fait des confrontations à un objet phobogène. De nombreuses interventions sont possibles, certaines minimalistes (« ne rien faire » de Gaston Brosseau, ou « les mains de Rossi » où on se contente de notre présence dense pour accompagner le patient dans sa quête d’un pas de côté), d’autres qui utilisent l’externalisation, comme en Thérapie du lien et des mondes relationnels.

L’important est d’être à l’écoute du ressenti du patient et de son propre ressenti de thérapeute et de bien appréhender combien il est difficile de se sortir de ces situations en sachant que souvent la seule solution est l’arrêt de travail. « Vous démarrez toutes vos journées avec un sentiment de faute, de culpabilité, puisque vous n’êtes pas à jour, vous faites des erreurs... » Comment intervenir ? Proposer un arrêt de travail et travailler de façon rapprochée pour réparer les dégâts et permettre le repos... Si la souffrance a davantage usé le patient, le danger de dépression et de suicide est grand et l’arrêt de travail prolongé est la condition de la survie, l’hypnose accompagnera cette mesure indispensable. Marie Pezé décrit les stades suivants qui amènent au burn out : celui de la désocialisation, celui des signaux somatiques forts, celui de l’isolement, du recours aux expédients (drogues, médicaments), puis de la désillusion qui précède l’effondrement. Il est important d’identifier ces signes (5). Que faire quand la situation est grave ? Travailler sur des objectifs minimalistes : dormir, retrouver un intérêt pour quelques sensations agréables... La transe hypnotique permet de chercher ces sensations, en revivant de beaux moments structurants de sa vie (le jour où elle accouche, le diplôme qu’il obtient, etc.). On pourra aussi aider à se protéger dans une bulle virtuelle qui soit flexible, ou bien externaliser l’irritation, la colère, la honte.

UNE ILLUSTRATION CLINIQUE AVEC LES MAINS DE ROSSI

Mon patient, qu’on appellera « M. Emmanuel », est un cadre important d’une entreprise, je l’ai vu plusieurs fois. Lors d’une précédente consultation, je lui ai conseillé de réaliser le test de Marie Pezé. Fatigué, captif du numérique, culpabilisé de ne pas être à jour (sa fatigue réduisait son efficacité intellectuelle mais il continuait à s’acharner à poursuivre ses objectifs), il avait déjà des éléments de désocialisation qui m’inquiétèrent : je lui conseillai d’envisager un arrêt de travail, qu’il sollicita de son médecin. Après deux semaines de repos, il vint me voir avant sa reprise. Il exprima les difficultés avec sa supérieure hiérarchique, qui pendant qu’il était en arrêt maladie avait encore empiété sur son champ d’action par des interventions dites de « micromanagement » décrites par M. Emmanuel comme non respectueuses de son équipe, maladroites, et qui témoignaient du peu de cas qu’elle faisait de lui et de ses ressentis. Ce manque de respect à son égard suscitait chez M. Emmanuel des émotions difficiles à traverser, et des inquiétudes sur ce qui allait se passer à son retour au travail quelques jours après la consultation. Il parlait d’aller au combat... Je lui proposai alors de considérer que sa supérieure se comportait comme un robot dont il ne pouvait attendre respect ni humanité, et de s’armer à faire ce qu’il voulait accomplir mais sans attendre respect ni reconnaissance de sa supérieure. Pour cela, j’utilisai deux métaphores et un exercice d’hypnose.

LES DEUX MÉTAPHORES
M. Emmanuel…
Pour lire la suite...



Dr Michel RUEL Médecin des Hôpitaux, ancien chef de service de Médecine interne, s’est consacré à la formation à l’hypnose de professionnels de santé en fondant l’ODPC 7097, pour les soignants hospitaliers et les professionnels de ville (https://seformerhypnose.fr). Vice-président de l’AFHYP, il a publié Se soigner avec l’hypnose et l’autohypnose (Leduc.s Editions, 2017).
Commandez la Revue Hypnose & Thérapies Brèves 74 N°74 : Août / Sept. / Octobre 2024

La puissance thérapeutique de la relation humaine

Julien Betbèze, rédacteur en chef, nous présente ce n°74 :

Si la prise en compte du corps relationnel est au centre des changements en thérapie, cela implique pour le thérapeute d’être attentif au contexte relationnel favorisant les processus dissociatifs. Et pour favoriser les processus de réassociation, le thérapeute doit être en capacité de modifier les interactions qui entretiennent le problème.
. Nathalie Koralnik, dans un texte clair et pédagogique, nous montre comment la prescription du symptôme permet à des parents consultant pour des problèmes récurrents, avec une escalade symétrique de disputes et de crises, de retrouver une relation éducative positive, les parents pouvant s’investir dans un rôle de co-thérapeutes. L’approche stratégique, lorsqu’elle est pensée de manière coopérative, est vraiment un outil de choix pour sortir des impasses relationnelles.


Delphine Le Gris nous parle de Mélanie, une jeune femme en grande souffrance après une rupture sentimentale où la relation de couple était depuis longtemps perçue comme maltraitante. En s’immergeant dans l’histoire de sa patiente, l’image de la mer et de l’eau est apparue, avec des vagues réparatrices permettant de retrouver les ressources enfuies et de rendre possible l’oubli des relations difficiles emportées au large. Nous voyons ainsi l’importance pour le thérapeute de se connecter à l’histoire racontée par le sujet pour ouvrir un imaginaire partagé, dans lequel la vie relationnelle va reprendre sa place.

Michel Dumas évoque l’histoire de Stéphanie, confrontée à la déliquescence de la relation avec son mari qui, le plus souvent, met en scène sa tristesse et se réfugie devant son téléviseur. Elle ne parvient pas à aborder avec son conjoint cette situation où elle se sent de moins en moins aimée, car elle a peur d’un conflit qui provoquerait les conséquences qu’elle redoute. Après un recadrage : « si tu fais l’agneau, tu trouveras le loup qui te mangera », le thérapeute prescrit trois tâches stratégiques possibles pour sortir de ce cercle vicieux relationnel.

Jérémie Roos nous raconte comment la situation bloquée de Zohra, attaquée par un chien, a pu évoluer grâce au sous-main de son bureau utilisé comme une scène imaginaire. Celle-ci permettra l’émergence de nouvelles formes relationnelles, ouvrant de nouveaux possibles grâce au soutien de la relation thérapeutique.

Gérard Ostermann nous présente la synthèse effectuée par,  Michel Ruel, à partir du travail de la CFHTB, sur l’utilisation de l’hypnose pour faire face à la souffrance au travail. Il rappelle l’importance de différencier le pré-effondrement de l’effondrement dans ces prises en charge. L’illustration clinique de la situation inquiétante d’un cadre d’entreprise subissant un début de désocialisation met en évidence l’intérêt du travail avec les métaphores pour retrouver des objectifs atteignables.

Morgane Monnier, quant à elle, nous présente l’intérêt de l’hypnose et des thérapies brèves pour améliorer les prises en charge en psychomotricité.Dans le dossier thématique « Thérapie et relation ».

Géraldine Garon et Solen Montanari mettent en lumière la puissance thérapeutique de la relation humaine lorsque le thérapeute et le patient entrent dans un processus de co-construction par un travail de questionnement permettant l’émergence d’un imaginaire partagé. Elles montrent, à travers les situations de Lou (qui se plaint de tics) et de Mathilde (présentant un excès de poids), comment l’externalisation nourrit le processus thérapeutique en favorisant l’accordage. Cet article décrit très bien l’apport de la TLMR à la mobilisation des ressources et au repositionnement du sujet. .

A partir de trois situations cliniques, Charlotte Thouvenot décrit avec précision l’importance de la carte du remembering pour retrouver une relation vivante et faire l’expérience de l’estime de soi.

Olivier de Palézieux développe une meilleure compréhension du concept d’empathie, au centre de la relation. Pour cela, il en décrit l’historique et les variations de sens. Il illustre l’intérêt de sa réflexion à propos du cas de Lucas présentant un TSA (trouble du spectre autistique).

Vous retrouverez la chronique de Sophie Cohen sur une première consultation autour de la détresse conjugale et des réseaux sociaux, celle de Sylvie Le Pelletier-Beaufond « Passer les portes secrètes et apaiser les craintes ». Tandis que Stefano Colombo et Muhuc vous feront découvrir ce qui peut se cacher derrière la « peur du conflit ».

Livres en bouche du mois.


Formation Hypnose, douleurs et soins 2024 – 2025 à Liège.

Hypnose Ericksonienne - vendredi 28 mars 2025 - 01:55
"Cycle d'initiation à l'utilisation de l'hypnose et des techniques de communication spécifiques dans les soins et l’accompagnement du patient"
L’objectif est de donner à chaque participant le savoir-faire suffisant pour :
  • susciter et gérer un processus hypnotique lors d’un soin ou en consultation pour des problèmes de douleur
  • entraîner des changements thérapeutiques par l’utilisation des techniques de communication efficaces
  • permettre à chacun, par ses capacités propres, d’adapter et de développer cet outil thérapeutique dans sa pratique professionnelle
  • utiliser les techniques d’auto-hypnose pour son évolution personnelle

Notre centre de formation est reconnu par la "European Society of Hypnosis", ce qui permet aux participants de demander le "Certificat Européen d'Hypnose" à la ESH


Les organisateurs


Pr. Christophe Chantrain, pédiatre hémato-oncologue, PhD en Sciences Biomédicales, CHC MontLégia, et collaborateur à l’Université de Liège
Mme Jennifer Marini, psychologue, CHC MontLégia, et collaboratrice à l’Université de Liège
en partenariat avec le Service d’Anesthésie-Réanimation du CHU de Liège (Pr. Vincent Bonhomme)
Pr Audrey Vanhaudenhuyse, Vice-présidente. Neuropsychologue, docteur en sciences biomédicales (PH.D)
En collaboration avec le CHU et le Groupe Santé CHC de Liège, le Centre Universitaire d'Hypnose de Liège organise un cycle d'initiation à l'utilisation de l'hypnose et des techniques de communication spécifiques dans les soins et l'accompagnement du patient. 

Cette formation est exclusivement destinée aux soignants (médecins, dentistes, psychologues, infirmier.e.s et kinésithérapeutes). Elle est reconnue par l'European Society of Hypnosis.
Les dates (6 sessions de 2 jours + 1 journée de rencontre)
11 et 12 octobre 2024 17 et 18 janvier 2025
22 et 23 novembre 2024 14 et 15 février 2025
13 et 14 décembre 2024 14 et 15 mars 2025
11 avril 2025 : Journée de rencontre en collaboration avec les « anciens »

Les horaires de chaque session
Vendredi : de 14h à 22h30 (repas prévu sur place - cette session se termine par une conférence à 20h30, donnée par un expert dans des domaines variés) Samedi : de 9h à 16h30 (lunch prévu sur place)
La journée de rencontre le vendredi 11 avril 2025 : de 9h à 16h30
Le lieu
CHC MontLégia - boulevard Patience et Beaujonc 9 - 4000 Liège Dans la clinique : suivre la route 522

Le public ciblé
Médecins, dentistes, psychologues, kinésithérapeutes, infirmiers.ères hospitaliers.ères
Maximum : 33 personnes

Le prix (repas du vendredi soir et du samedi midi inclus)
Médecins, dentistes 2.200 €
Psychologues, kinésithérapeutes, infirmiers.ères 1.750 €
Assistants cliniques en cours de formation (à p. 3e année) 1.300 €

Pour nous contacter :
Nicole Bodson : tél. + 32 4 323 80 33 E-mail : nbodson @ chuliege.be

Site : hypnoliege.be

Accréditation demandée en Anesthésie-Réanimation et en Ethique et Economie Accréditation demandée pour les praticiens de l'Art dentaire

Session 1 Hypnose – un outil
• Hypnose : histoire, mythes, préjugés
• Concepts de base : états de conscience modifiés
• Corrélats neurophysiologiques du processus hypnotique
• Hypnose : outils de communication
• Types d’hypnose
• Mise en place du contexte hypnotique
• Construction de la relation hypnotique
• Déroulement d’une séance d’hypnose


Session 2 Hypnose à l’hôpital
(en collaboration avec Gaëtane Hick, Valérie Grosjean et Valérie Gaspard)
• Communication thérapeutique : utilisation du langage verbal et non
verbal à l’hôpital
• Hypnose conversationnelle dans la relation patient/soignant
• Reformulation et recadrage
• Induction hypnotique par relaxation
• Physiologie de la douleur
• Spécificité douleur aiguë chronique
• Hypnosédation au bloc opératoire : intérêt - études cliniques
• Approches hypnotiques dans le travail avec la douleur : fauteuil de nuage - couleur - analgésie en gant


Session 3 Instaurer et renforcer la relation hypnotique
(en collaboration avec Franck Bernard)
• Rhétorique spécifique en hypnose
• Instauration d’une relation hypnotique
• Préparation, induction, contrôle et utilisation de la dissociation hypnotique et de la réassociation
• Techniques d’induction
• Moyens spécifiques de communication : voix, truismes, implications, suggestions composées, négations, questionnement, double lien
• Phénomènes spécifiques de la transe : lévitation/catalepsie, réification de la douleur ou d’une peur
• Exercice « safe place »


Session 4 Contextes particuliers
(en collaboration avec Yves Halfon et Kenton Kaiser)
• Anticipation : programmation d’un événement : accouchement, examen ou autre.
• Introduction de l’hypnose en milieu professionnel
• Induction rapide en hypnose de soin.
• Hypnose au cabinet dentaire : contexte de travail, accueil des patients, stratégies spécifiques pour problèmes spécifiques
• Auto-hypnose


Session 5 Vers la pratique clinique / L’hypnose en pédiatrie
• Hypnose en pédiatrie : les spécificités de l’enfant, applications pratiques
• Hypnose et métaphore : construction, utilisation et intérêt.


Session 6 Vers la pratique clinique / Approfondissement des acquis
(en collaboration avec Jean Becchio)
• Les TAC : Techniques d’Activation de Conscience
• Stratégies de changement
• Hypnose en soins palliatifs : spécificités de cette situation, analgésie, accompagnement
• Utilisation des résistances et du paradoxe
• Conclusions, débriefing de la formation



11 avril 2025 Journée de rencontre avec les « anciens »
• Conférence
• Discussion de cas apportés par les participants



Chaque journée associe des exposés théoriques, des exercices pratiques et des présentations vidéos de cas cliniques. Des documents et illustrations sont distribués.

Diffusé par hypnose-ericksonienne.org

Supervision: phobies, anxiété et la claustrophobie.

Hypnose Ericksonienne - lundi 24 mars 2025 - 17:10
A Bordeaux, dans le cadre de l'HypnoCercle ®, faisant suite à la formation. Supervision animée par Frédéric LEMAISTRE et ses approches plurielles pour mieux prendre en soin les phobies, l'anxiété et la claustrophobie.
Frédéric LEMAISTRE est Manipulateur en électroradiologie, Praticien EMDR IMO,
Thérapies Brèves Orientées Solutions, Hypnose Thérapeutique, Manipulateur radio en radiothérapie à l’institut Bergonié.
Expert dans la prise en charge de la douleur du département de radiothérapie
Formation en EMDR au CHTIP Collège Hypnose Thérapies Intégratives Paris, à l'Institut IN-Dolore

Formateur en Hypnose Médicale à l'IMIM associe son expertise clinique à une approche psychocorporelle innovante.
Formé à l’hypnose médicale et thérapeutique (DIU Bordeaux II), Certifié par France EMDR - IMO ®, et à l’accompagnement des femmes souffrant d’endométriose ou victimes de violences intrafamiliales, il intervient avec une vision intégrative et humaniste du soin.

Son travail repose sur l’autonomie du patient, la créativité et la posture thérapeutique comme leviers essentiels pour dépasser les troubles anxieux et la claustrophobie, notamment en contexte médical. De Milton Erickson à François Roustang, de Vygotski à Nietzsche, ses influences multiples nourrissent une pratique fluide et adaptable.

Une supervision dynamique et appliquée
Lors de cette session dédiée aux stratégies face aux phobies et à l’anxiété, Frédéric LEMAISTRE sera là pour vous permettre d'explorer les ponts entre différentes approches thérapeutiques, tout en renforçant votre posture et votre impact clinique.
Un espace pratique, interactif et stimulant, conçu pour enrichir votre pratique et votre confiance en tant que praticien.

Rejoignez-nous pour un moment d’apprentissage et de partage unique !

https://www.helloasso.com/associations/hypnose33-ecole-bordelaise-ericksonienne/evenements/supervision-en-hypnose-strategies-plurielles-face-aux-phobies-et-a-l-anxiete

https://hypnose33ebe.org/


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jeudi 1 janvier 1970 - 02:00